Un outil pour suivre les signalements de piqûres de tiques
L’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) a lancé CiTIQUE-Tracker. Consultable en ligne, cet outil gratuit permet de visualiser les signalements de piqûres de tiques en France pour s’en protéger.
La tique est un acarien de petite taille qui a besoin exclusivement de sang pour se développer. Ce parasite s’ancre dans la peau de ses proies animales (rongeurs, oiseaux, chevaux…). Elle n’est potentiellement pas dangereuse pour l’homme. Toutefois, elle peut le piquer et, si elle est infectée, lui transmettre notamment des pathologies dites vectorielles comme la maladie de Lyme ou encore l’anaplasmose.
« Toutes les tiques ne sont pas infectées. Quand elles le sont, cela ne signifie pas qu’elles contaminent systématiquement l’hôte humain. Cela dépend du temps qu’elles passent à se nourrir sur son corps d’où la nécessité de les enlever rapidement », précise Jonas Durand, chercheur dans l’unité Interactions arbres/micro-organismes à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae).
L’organisme de recherche travaille depuis des années sur le parasite dont on recense une quarantaine d’espèces en France. L’espèce Ixodes ricinus, auparavant appelée « tique du mouton ». Depuis juin 2023, l’Inrae a lancé CiTIQUE-Tracker, outil consultable gratuitement en ligne et facile d’utilisation. Il permet de localiser les zones où les signalements de piqûre sont importants, de savoir où et quand les piqûres ont été signalées pour s’en prémunir.
L’évolution des tiques par région et au mois
Le site CiTIQUE-Tracker est ouvert à tous, des chercheurs, aux associations en passant par le grand public. Les données qui l’alimentent sont mises à jour tous les mois. Elles sont issues du programme de recherche participative CiTIQUE, lancé en 2017, et de l’application Signalement tique qui lui est rattachée. Les données issues de ces dispositifs étaient jusqu’à présent restreintes aux chercheurs de l’Inrae et à leurs partenaires. Les informations étaient communiquées de façon sporadique aux particuliers.
CiTIQUE-Tracker permet de suivre l’évolution des tiques par région et en fonction du mois. Le dispositif démontre une variation régionale et temporelle importante dans une même année ou entre les différentes années. On voit par exemple que le signalement des piqûres a été moins important en 2022 qu’en 2021. « C’était une année très sèche donc moins favorable à la présence de l’acarien qui préfère la chaleur et l’humidité », poursuit Jonas Durand. De mai à juin 2023, 5 044 piqûres de tiques ont été signalées sur tout le territoire français dont 574 sur le Grand-Est et 78 en Provence-Alpes-Côte-d’Azur. 4 436 de ces piqûres ont touché des humains, principalement en forêt (41 %) et dans les lieux familiers (38 %) comme les jardins particuliers. « On va peu trouver la tique Ixodes ricinus sur le pourtour méditerranéen où c’est sec », reprend le chercheur de l’Inrae.
Diverses études menées pour mieux cerner les tiques
La tique aime les milieux végétalisés et boisés. Dans certains endroits, un pic d’activité de 200 à 300 acariens a été comptabilisé sur 100 mètres carrés. « Et dans d’autres, on n’en trouve qu’une dizaine. C’est variable », ajoute Jonas Durand. La présence peu répandue de tiques dans une zone potentiellement à risque ne signifie pas qu’il ne faille pas se protéger. Autrement dit, toute balade en milieu où elle est censée proliférer doit s’accompagner de précautions.
« Les endroits où les signalements de piqûres sont importants sont ceux où les humains s’exposent principalement donc nous avons moins de retours sur la présence des tiques dans les endroits moins fréquentés ». Cependant, ces données se recoupent avec la carte de favorabilité composée par Isabelle Lebert, chercheure à l’Inrae, et ses collaborateurs. Cette dernière a utilisé divers critères (altitude, climat, population animale, etc.) basés sur les dires d’experts qui travaillent sur les tiques et leur présence. « Elle a alors pu établir les zones géographiques d’habitats favorables à la tique Ixodes ricinus ».
Le changement climatique modifie le développement et la prolifération des tiques et, en conséquence, la diffusion des maladies qu’elles peuvent provoquer. En 2018, l’Inrae a lancé Climatick, programme de projection et d’adaptation à la menace de ces parasites, avec divers partenaires scientifiques. « Sept observatoires dispersés en France collectent tous les mois depuis neuf années les individus d’Ixodes ricinus présents ». Leur activité est analysée en tenant compte des variables météorologiques, des populations hôtes et de la répartition des forêts en lien avec les changements climatiques.
Quelque conseils pour se protéger des tiques
- Il est recommandé lors de balades d’emprunter les chemins tracés sans végétation dense et haute (broussailles, fougères…). Il ne faut pas s’asseoir ou s’allonger directement sur le sol mais utiliser pour cela, ou pour pique-niquer, un large tissu clair. Si ce dernier est sombre, les tiques ne seront pas repérées.
- Les vêtements clairs à manches et jambes longues sont à privilégier ainsi que les chaussures fermées. Les chaussettes doivent être remontées sur les chevilles. Il est préférable de s’équiper d’un chapeau pour protéger son cuir chevelu.
- Les répulsifs à base de DEET ou IR3535 sont à emporter lors de la balade. On les trouve en spray en pharmacie.
- Une fois de retour, il faut inspecter son corps surtout les zones où les tiques ont tendance à se loger : aisselles, arrières des genoux, des oreilles, plis cutanés, etc.
- Les tiques doivent s’ôter à l’aide d’un tire-tique que l’on trouve en pharmacie. Cela doit être fait sans attendre.
- En cas de piqûre de tique, il est déconseillé de prendre des antibiotiques automatiquement. Il faut surveiller dans le mois qui suit si une tache rougeâtre apparaît autour du point de piqûre ou si des symptômes qui sortent de l’ordinaire se manifestent (fièvre, paralysie faciale…). Si c’est le cas, un médecin doit être consulté.
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