Les rêves, leurs bienfaits sur l’organisme et le psychisme
Les scientifiques en savent désormais plus sur les rêves. Chaque nuit, l’activité onirique participe au bon fonctionnement cérébral, cognitif et émotionnel. Ces scénarios souvent fantasmagoriques qui reproduisent en partie ce que nous avons vécu la veille rendent nos lendemains plus beaux.
« La fonction que l’on attribue aux rêves préoccupe les hommes depuis bien longtemps, rappelle l’Institut national du sommeil et de la vigilance. Avertissement des dieux dans l’Antiquité ou messages prémonitoires dans de nombreuses civilisations, les rêves exprimeraient pour les psychanalystes l’équivalent de l’accomplissement d’un désir refoulé, traduit de façon symbolique. »
Aujourd’hui, les cliniciens sont plus prosaïques ! Depuis la découverte du sommeil paradoxal par le professeur Michel Jouvet en 1961, les spécialistes et leurs machines (électroencéphalo- gramme, dispositif vidéo…) étudient notre activité mentale tandis que le corps repose dans les bras de Morphée. Puis ils en recueillent le récit au petit matin. Et ils émettent des hypothèses sur le rôle de ces étranges scénarios nocturnes.
Une mémoire consolidée
Premier constat : les songes favorisent le processus de mémorisation. « 65 % des faits présents dans nos rêves ont un rapport avec ce qui a été vécu la veille ou les jours précédents », explique Isabelle Arnulf, neurologue spécialiste du sommeil et autrice de Une fenêtre sur les rêves (Odile Jacob).
Ces derniers consolident la mémoire, et en particulier la mémoire procédurale qui engramme les habiletés motrices, puisque le cerveau profite de la nuit pour exécuter de nouveau ce qu’il a expérimenté ou appris. S’atteler à une tâche puis « dormir dessus » augmente la performance, comme l’ont observé les scientifiques. Mais le rêve n’est pas un simple copié-collé. « La plasticité cérébrale permet ce mélange d’expériences pour donner un nouveau tissage. Une histoire inédite naît alors des éléments de notre journée combinés à des souvenirs plus anciens. » Un cercle vertueux qui aboutit à l’élaboration de circuits neuronaux tout neufs à partir de ce qui a été mémorisé.
Un moyen de se protéger
N’en déplaise aux doux rêveurs, les deux tiers de nos productions oniriques présentent un contenu négatif et désagréable. Le neuroscientifique Antti Revonsuo a en effet observé que la plupart comportent au moins un danger.
S’inspirant des théories évolutionnistes, il en a déduit que l’activité mentale nocturne serait l’occasion de simuler une menace pour mieux s’entraîner à y répondre et finalement y survivre.
« Les rêves nous préparent au danger, dans ce lieu sûr qu’est le sommeil, pour nous permettre de mieux l’affronter dans la vie réelle. Un peu comme un joueur d’échecs qui anticipe tous les mauvais coups pour gagner la partie », confirme Isabelle Arnulf. Celle-ci a d’ailleurs étudié les cauchemars d’étudiants en médecine avant leur examen. « Plus ils avaient rêvé du concours et mieux ils l’ont réussi. L’explication serait simple : rêver de l’examen a réduit leur anxiété. »
Ces terribles mises en situation offrent donc un gain cognitif non négligeable.
Des émotions régulées
Le rêve régule aussi les émotions, en particulier celles vécues dans les jours qui précèdent le sommeil. « Le cerveau prend toutes les émotions de la journée, les trie, pour mieux éliminer les sentiments négatifs. »
Cette théorie a été confirmée par des scientifiques qui ont étudié le sommeil des personnes qui venaient de divorcer : ceux et celles qui rêvaient le plus de leur ex-partenaire vivaient mieux leur séparation. Les songes estompent la tristesse et diminuent l’intensité de la souffrance à long terme.
Bref, ils remontent le moral ! Enfin, ils semblent jouer un rôle majeur dans la capacité de socialiser et de se mettre à la place de l’autre, comme le montrent les recherches effectuées sur les personnes sourdes, aveugles ou encore paraplégiques, qui, en rêve, entendent, voient ou marchent. Ces derniers « pourraient, pendant le sommeil, se mettre mentalement à la place des marcheurs qu’ils observent toute la journée. Un exemple qui témoigne de notre grande capacité d’empathie », conclut Isabelle Arnulf.
Aurore AIMELET
À la recherche d’une offre adaptée à vos besoins ?
Particulier, professionnel ou collectivité, adaptez votre offre en fonction de vos besoins actuels et futurs.
Un conseiller pourra répondre à vos questions et vous apporter un conseil personnalisé.