La prévention santé, sous toutes ses facettes
Primaire, secondaire, tertiaire… La prévention santé prend des aspects complémentaires pour concourir à réduire les risques de développer des maladies et offrir une meilleure qualité de vie. Les pouvoirs publics jouent un rôle central dans la mise en œuvre et le déploiement des stratégies de prévention, tandis qu’une bonne connaissance des comportements à adopter et l’implication de chacun en assurent l’efficacité. Décryptage.
Les professionnels de santé, remparts préventifs
La prévention en santé prend aussi des atours médicaux : des consultations régulières avec son médecin traitant et son dentiste permettent de contrer ou retarder certaines problématiques physiologiques, en particulier liées à l’avancée de l’âge (problèmes de vue, d’audition, buccodentaires…).
Le pharmacien représente, pour sa part, un interlocuteur privilégié dans l’information, l’accompagnement et l’orientation des millions de Français qui poussent la porte d’une officine chaque jour.
Si les progrès de la médecine améliorent toujours plus la prise en charge et le traitement des maladies, leur prévention représente un autre aspect incontournable des politiques de santé publique, notamment en France.
« Au sens large, la démarche préventive consiste à identifier les leviers permettant d’agir de façon concrète sur les déterminants de la santé et de mettre en place des interventions efficaces pour la maintenir ou l’améliorer, aux échelles individuelle et collective », explique le professeur Didier Jourdan, titulaire de la chaire Unesco « Éducations & Santé », directeur du centre collaborateur OMS pour la « Recherche en Éducation et Santé » et auteur de l’ouvrage Les mots pour comprendre la prévention.
Avec le temps, l’évolution des connaissances, des technologies et de la compréhension des phénomènes impactant la santé humaine, trois grands niveaux de prévention ont été déterminés : la prévention primaire vise à empêcher la survenue d’un problème de santé, la prévention secondaire correspond au dépistage et au traitement précoce des maladies, alors que la prévention tertiaire consiste à limiter la progression et les séquelles d’une pathologie avérée.
Complémentaires, ces trois approches reposent sur des comportements pragmatiques, à appliquer par tous et à adapter en fonction de chaque situation individuelle.
Prévention primaire
À savoir, rester en bonne santé
À l’échelle personnelle, la prévention primaire consiste avant tout à identifier ses principaux risques et les réduire.
« Le tabac et ses composants sont par exemple identifiés pour leur “capacité” à favoriser le développement de nombreuses maladies : cancers, troubles cardiovasculaires, pathologies pulmonaires… Les fumeurs sont donc invités à réduire et idéalement arrêter leur consommation, pour leur propre santé, mais également celle de leurs proches, qui peuvent être victimes du tabagisme passif (aspiration de fumée) et ultra- passif (exposition à des particules émises lors de la combustion du tabac et incrustées dans l’environnement) », illustre le Pr Daniel Thomas, cardiologue et porte-parole de la Société francophone de tabacologie.
L’alcool est également impliqué dans diverses pathologies, en particulier certains cancers, des troubles cardiovasculaires et des maladies digestives. Les autorités de santé recommandent ainsi « maximum deux verres par jour, et pas tous les jours », pour reprendre le slogan de Santé publique France.
La surcharge pondérale et l’obésité sont d’autres facteurs de risque omniprésents dans les sociétés modernes, qui combinent surconsommation alimentaire de produits transformés et sédentarité.
Une association qui fait le lit de troubles physiologiques (diabète de type 2, pathologies cardiovasculaires, maladies respiratoires…) et psychologiques liés à l’image de soi dans une société axée sur le culte de la minceur.
Les réponses à apporter sont une fois encore pragmatiques : adopter une alimentation équilibrée et pratiquer régulièrement une activité physique. Et comme les modifications du mode de vie ne suffisent pas toujours, un autre réducteur de risque est à privilégier : la vaccination.
Sûre et efficace, elle vient parer au développement (ou réduire l’intensité) d’un grand nombre de pathologies, dont certaines potentiellement mortelles. Outre les 11 vaccins obligatoires pour les bébés et les enfants, la vaccination contre le BCG, le papillomavirus humain, la grippe et le zona est ainsi recommandée en France.
Prévention secondaire
À savoir, réduire l’impact d’une maladie
La prévention secondaire s’articule autour du dépistage, qui permet de déceler à un stade précoce les maladies passées « entre les mailles du filet » de la prévention. L’intérêt ? Traiter ces maladies avant même l’apparition des symptômes, de façon à ralentir ou stopper leur progression et leur gravité d’évolution.
Précisons que l’idée n’est pas de dépister toutes les pathologies chez tout le monde, mais d’en cibler certaines chez les personnes les plus à risques, en fonction de leur âge, leur historique de santé, leurs antécédents familiaux ou leurs prédispositions génétiques.
« Le dépistage conduit potentiellement à des erreurs (faux positifs, faux négatifs) et peut retarder le diagnostic ou à l’inverse provoquer un stress inutile. L’OMS propose par conséquent 10 critères sur la base desquels un dépistage peut être proposé, en fonction du rapport bénéfice/risque. Du côté des bénéfices, on va notamment trouver l’amélioration du pronostic vital et du côté des risques les conséquences pour la santé de la mise en œuvre des tests », cadre Didier Jourdan.
L’incitation au dépistage peut venir d’un professionnel de santé (médecin, pharmacien, infirmier…) à la suite d’une consultation ou d’un entretien informel. Une invitation est également adressée directement par courrier dans le cadre des programmes nationaux de dépistage, visant à protéger un maximum de citoyens contre des pathologies présentant de forts enjeux sanitaires et bien pris en charge, à l’instar du cancer colorectal ou du cancer du sein.
La réception d’une invitation à se faire dépister dépend du sexe, de l’âge ainsi que des antécédents de santé personnels et familiaux.
Prévention tertiaire
À savoir, limiter l’évolution et les rechutes
Le troisième niveau de prévention, ou prévention tertiaire, désigne l’ensemble des moyens mis en œuvre pour diminuer la survenue de complications, la dégradation de l’état du malade et le risque de rechutes.
On lui associe parfois une notion de prévention quaternaire, consistant à éviter la surmédicalisation des personnes déjà lourdement traitées et proposer les procédures de soins les plus éthiquement et médicalement acceptables.
La prévention tertiaire est particulièrement importante pour assurer la meilleure qualité de vie possible aux patients, mais aussi pour préserver les systèmes de santé.
Un exemple ? Le diabète bien pris en charge, surveillé et équilibré assure à la personne affectée de réduire considérablement la probabilité de développer les pathologies classiquement associées à un diabète non contrôlé : atteintes ophtalmiques, rénales ou neuronales, troubles cardiovasculaires, ulcères… Un risque réduit pour l’individu et des frais en moins pour l’Assurance maladie et donc les contribuables, alimentant un cercle vertueux où une bonne santé enrichit l’économie et inversement.
Les dépistages chez le nouveau-né
Dès les premiers jours suivant la naissance, des tests sont proposés par la maternité à chaque nouveau-né, dans le cadre d’un programme national de dépistage.
Depuis le 1er janvier 2023, ces tests permettent de repérer treize maladies graves (contre six auparavant), souvent d’origine génétique. Leurs noms savants : phénylcétonurie, hypothyroïdie congénitale, hyperplasie congénitale des surrénales, drépanocytose, mucoviscidose, déficit en MCAD, leucinose, homocystinurie, tyrosinémie de type 1, acidurie glutarique de type 1, acidurie isovalérique, déficit en LCHAD et déficit en captation de carnitine. Les enfants porteurs de ces maladies sont traités dès leurs premières semaines de vie, de façon à éviter l’apparition d’une maladie invalidante ou en limiter les conséquences.
Chaque année, sur les 750 000 naissances en France, 1 000 bébés malades sont détectés et peuvent recevoir aussitôt des traitements efficaces.
Au cœur des préoccupations politiques
« Les décideurs politiques sont d’importants leviers de la prévention, observe Didier Jourdan. Ils peuvent, à cet égard, s’appuyer sur des approches réglementaires, comme l’interdiction de vente de tabac aux mineurs. Des approches informatives sont également déployées, comme la mise en place du Nutri-Score ou des campagnes autour des dangers de la consommation d’alcool pendant la grossesse ».
Le but est toujours le même : informer, sensibiliser et encourager chacun individuellement à s’engager pour sa santé et celle de ses proches en adoptant une meilleure hygiène de vie.
Parmi les dernières initiatives du gouvernement en faveur de la prévention santé : l’intégration au budget de la Sécurité sociale de trois bilans de santé individuels à 25 ans, 45 ans et 65 ans.
Pour reprendre les propos du ministre de la Santé et de la Prévention, François Braun : « Cette évolution permet à la France d’entrer dans l’ère de la prévention, alors qu’elle accuse un retard en la matière, notamment si nous regardons ce qui se passe chez nos voisins européens. Le budget moyen consacré à la prévention équivaut à 3 % des dépenses de santé dans l’Union européenne, quand il est de moins de 2 % en France ».
À 25 ans, la consultation sera centrée sur les vaccins, d’éventuelles addictions ou encore des difficultés liées à l’entrée dans la vie professionnelle. Les jeunes seront aussi sensibilisés à la nécessité d’avoir un médecin traitant. À 45 ans, l’accent sera mis sur le dépistage de certains cancers, l’activité physique ou encore la santé mentale. À 65 ans enfin, le check-up portera davantage sur la prévention de la perte d’autonomie et d’autres maladies, dont, de nouveau, les cancers. La France, bientôt championne d’Europe de la prévention santé ?
Olivier VACHEY
À la recherche d’une offre adaptée à vos besoins ?
Particulier, professionnel ou collectivité, adaptez votre offre en fonction de vos besoins actuels et futurs.
Un conseiller pourra répondre à vos questions et vous apporter un conseil personnalisé.