une personne entrain de surveiller son diabète
Santé

Diabète mieux vaut prévenir que subir

Le diabète de type 2 et son cortège de maladies associées représentent l’une des plus grandes menaces sanitaires des sociétés modernes. Sa prévention reste néanmoins relativement aisée, car principalement liée à l’adoption de gestes simples en matière d’alimentation et d’hygiène de vie.

Lié à un excédent chronique de sucre (glucose) dans le sang, le diabète sera bientôt l’affaire de tous. Les prévisions mondiales anticipent près d’un dixième de la population touchée d’ici 2045. En France, plus de 4,2 millions de citoyens sont d’ores et déjà concernés, et les chiffres continuent d’augmenter à une allure aussi régulière que préoccupante : + 5,3 % de nouveaux diagnostics annuels. « Précisons que ces données concernent avant tout l’épidémie de diabète de type 2, qui représente plus de 90 % des cas de diabète. Considéré comme caractéristique des sociétés modernes, il touche surtout les personnes en surpoids ou obèses, d’où son surnom parfois retrouvé de “diabète gras” », explique le Dr Claude Colas, médecin diabétologue, endocrinologue et nutritionniste.

Si la sédentarité et la surconsommation alimentaire sont pointées du doigt, il existe toutefois d’autres facteurs prédisposants, tels des antécédents génétiques familiaux, des troubles psychiques comme la dépression ou les troubles anxieux, le manque chronique de sommeil… « Récemment encore, il n’apparaissait que chez l’adulte, mais on l’observe désormais également chez les jeunes autour de 25-30 ans. Ce n’est plus la maladie du “mâle bedonnant de plus de 50 ans”, (presque) tout le monde peut être concerné ! », alerte le Dr Réginald Allouche, médecin et chercheur dans le domaine de la prévention du diabète et du surpoids.

Agir dès le prédiabète

La situation semble grave, pourtant… la plupart des Français n’en ont pas conscience. Pourquoi ? Notamment parce que le développement de la maladie ne s’accompagne pas de symptômes et passe longtemps inaperçu. Le diabète de type 2 est découvert tardivement et par hasard, généralement à la suite d’un examen biologique ou de l’apparition de l’une des nombreuses complications susceptibles de se déclarer à un stade avancé : troubles cardiovasculaires type infarctus ou AVC, altérations de la vision pouvant mener à la cécité, ulcères des pieds avec risques d’amputation, troubles de l’érection, insuffisance rénale

« Il est alors trop tard pour ne pas subir, au moins pour partie, les conséquences d’une pathologie qu’il est pourtant relativement simple de tenir à distance, pour la majorité des gens, avec de bons gestes préventifs », regrette Claude Colas. De fait, un diabète de type 2 est toujours précédé d’une longue phase (5 à 10 ans selon les études) dite de « prédiabète », durant laquelle les concentrations en glucose sanguin sont plus élevées que la normale, mais n’atteignent pas encore un seuil patho‑ logique. Réversible, le prédiabète représente un moment clé pour réduire le risque d’installation de la maladie. Les grandes mesures préventives correspondent à des modifications du mode de vie, de façon à mettre en place des comportements assurant de ne pas trop « fatiguer » l’organisme et sa capacité à produire de l’insuline.

C’est quoi, en fait, le diabète ?

Le diabète de type 2 résulte d’une mauvaise utilisation ou d’une production insuffisante d’insuline par l’organisme. L’insuline est une hormone assurant la régulation du taux de glucose dans le sang. Lorsque ce taux augmente (par exemple après un repas), le pancréas sécrète de l’insuline, qui favorise le stockage du sucre dans les muscles et le foie. Sans cette hormone, la concentration dans le sang devient trop élevée : on parle « d’hyperglycémie ». Si rien n’est fait pour corriger la situation, l’hyperglycémie se maintient à un niveau trop élevé et donne un diabète.

Les premiers symptômes du diabète de type 2 sont discrets et ne commencent à se manifester qu’après des années de progression silencieuse de la maladie. Les principaux sont : l’augmentation de la soif et de la faim ; le besoin fréquent d’uriner ; la fatigue ; la peau sèche sujette à des démangeaisons ; les coupures et les blessures longues à cicatriser ; les infections fréquentes ; l’insensibilité ou le fourmillement dans les mains et les pieds ; les troubles de l’érection ; la vision floue…

Le diabète de type 2 s’accompagne de surcroît fréquemment de cholestérol et d’hypertension artérielle, liés au profil classique du patient diabétique (surcharge pondérale, alimentation riche, sédentarité…).

Alimentation saine et raisonnée

L’alimentation est prépondérante dans la lutte contre le diabète. L’objectif est d’adopter et de maintenir un régime équilibré, varié et quantitativement « raisonnable », de façon à contrôler sa glycémie, mais également réduire (si nécessaire) et stabiliser son poids. « Un bon équilibre alimentaire permet de stopper le développement du diabète. Il faut en priorité éviter de consommer trop, trop souvent et surtout dire non aux aliments ultra-transformés. Autrement dit, arrêter de se faire livrer des plats, qui sont plus sucrés, plus gras, et prendre le temps de cuisiner », résume Réginald Allouche.

Quelques conseils pour manger (plus) sainement :

  • Faire trois repas par jour sans en sauter, prendre le temps de s’asseoir à table, éviter le grignotage, diversifier les repas ;

  • Diminuer la ration énergétique en choisissant une alimentation de densité énergétique moindre (fruits, légumes) et/ou un contrôle de la taille des portions (notamment en ce qui concerne les féculents) ;

  • Consommer de tout à chaque repas, mais en quantité adaptée ;

  • Privilégier les aliments bénéfiques à la santé (fruits, légumes, féculents de préférence complets, poissons…), riches en fibres, vitamines, minéraux et protéines de bonne qualité ;

  • Limiter la consommation d’aliments très riches en graisses (fritures, chips, beignets), en sel (gâteaux apéritifs, chips…) ou en sucres (glaces, viennoiseries, confiseries, jus de fruits, sodas, boissons énergisantes, alcool…).

Concernant le volume des portions, une astuce consiste à opter pour une assiette de taille moyenne et répartir les aliments de façon que les légumes en occupent la moitié, les féculents un quart et les protéines (viande, poisson, œuf…) un dernier quart.

Outre le diabète de type 2, il en existe trois autres formes, aux causes diverses : 

  • Le diabète de type 1 (ou insulinodépendant). Il s’agit d’une maladie auto-immune caractérisée par le manque de production d’insuline par l’organisme. Représentant moins de 10 % des cas, son origine n’est pour l’heure pas connue, et il n’est pas évitable. Il nécessite un suivi et un traitement à vie (injections régulières d’insuline) ;

  • Le diabète monogénétique (ou héréditaire). Très rare, il est le seul diabète d’origine génétique. Sa prise en charge dépend de chaque situation individuelle, mais se rapproche généralement de celle du diabète de type 2 ;

  • Le diabète gestationnel. Il se développe chez environ 10 % des femmes enceintes. Les modifications hormonales survenant lors de la grossesse augmentent les besoins en insuline, mais l’organisme ne parvient pas à en produire suffisamment, et la glycémie augmente. Ce diabète, réversible après la naissance, doit être suivi médicalement pour éviter tout risque de malformation du fœtus. La prévention du diabète gestationnel se fait surtout en amont de la grossesse, en adoptant un mode de vie sain et en pratiquant une activité physique.

Indispensable activité physique

Corollaire de la perte de poids, l’activité physique est particulièrement utile dans la prévention du diabète de type 2. Elle favorise le transport et l’utilisation du glucose musculaire, abaisse la quantité de sucre dans le sang et améliore l’action de l’insuline. « Pratiquer 150 minutes d’exercice hebdomadaire permet de perdre 5 % à 7 % de son poids et diminue les risques de diabète de plus de 50 %, c’est énorme », insiste Réginald Allouche.

Plusieurs approches facilitent la pratique d’une activité physique. Pour les sportifs, pratiquer en club et/ou à plusieurs est source de motivation. Mêmes conseils pour l’activité physique (marche, yoga…), toujours plus agréable lorsqu’on est accompagné. Au quotidien, de petits gestes peuvent apporter beaucoup de bénéfices : préférer les escaliers à l’ascenseur ; privilégier les promenades après les repas ; en transports en commun, descendre une station avant sa destination et marcher un peu ; faire la même chose en garant sa voiture à distance de son lieu de destination.

Autres points d’attention

Fumer. Le tabac est un facteur de risque identifié de diabète, indépendamment du poids. « Des mécanismes hormonaux sont probablement en œuvre : le tabac a tendance à induire une sécrétion accrue de catécholamines au niveau des surrénales ; or, ces hormones ont un effet hyperglycémiant, précise le Pr Daniel Thomas, cardiologue à la Pitié Salpêtrière. Il n’est jamais trop tard pour arrêter de fumer. Il suffit de trouver la méthode qui correspond le mieux à chacun ou chacune. »

Sommeil. Les chercheurs se sont penchés sur le sujet et ont observé qu’un sommeil perturbé durant plus de trois nuits de suite pouvait, à lui seul, réduire considérablement la capacité du corps humain à assimiler le glucose et, par conséquent, augmenter les risques de diabète de type 2.

À privilégier : horaires de coucher/ lever réguliers, déconnexion des écrans 1 heure avant le lit, pas d’excitants après 14 h, activité physique dans la journée, repas légers le soir.

Dépistage et traitements

La prévention permet de réduire les risques et de faire régresser un prédiabète, mais appliquer les bons gestes hygiéno-diététiques au quotidien assure également de minimiser l’impact d’un diabète de type 2 déclaré et de le voir évoluer vers plus de gravité. Ces mesures s’accompagnent généralement d’une prescription de médicaments antidiabétiques oraux, pour bien contrôler la glycémie. Le passage à des injections d’insuline constitue un palier supérieur, si la maladie continue à progresser sous traitement. En cas de doute, ou pour les personnes à risque, un dépistage du diabète est recommandé. Simple à réaliser à partir d’une prise de sang, il assure la meilleure orientation possible, afin de profiter au mieux des plaisirs de la vie sans nuire à sa santé.

Olivier VACHEY

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