Contrôler les écrans, un vrai enjeu de santé publique
Les enfants, les adolescents et même leurs parents passent trop de temps devant des écrans (téléphone mobile, ordinateur, tablette, TV), au détriment de leur santé physique et psychique, ainsi que de leurs relations humaines. C’est le signal d’alarme que tirent de nombreux experts qui lancent un appel à un usage raisonnable. Tour d’horizon des recommandations de chercheurs et professionnels de santé qui se sont penchés sur cette addiction.
Problème de motricité fine des mains. Diminution des capacités physiques. Surpoids. Myopie. Manque de concentration, d’attention et de sommeil. Réussite scolaire en baisse. Souffrance psychique. Temps volé à des activités indispensables et aux relations humaines… Les griefs adressés à la surconsommation d’écrans sont graves et nombreux. « Chaque heure passée devant un écran est perdue pour un échange en face-à-face avec un adulte ou un autre enfant », avertit le psychiatre Serge Tisseron, à l’intention des parents de jeunes enfants dans son guide 3-6-9-12, Apprivoiser les écrans et grandir. « L’orgie d’écrans récréatifs ronge les développements les plus intimes du langage et de la pensée (…) Jamais, sans doute, dans l’histoire de l’humanité une telle expérience de décérébration n’avait été conduite à aussi grande échelle (…) Les écrans sont un désastre », s’alarme Michel Desmurget, docteur en neurosciences, à partir de l’analyse d’une multitude d’études scientifiques internationales, dans son livre réquisitoire La fabrique du crétin digital.
Sortir, bouger !
Les technologies numériques ne sont pas une potion magique pour aider à l’apprentissage. Elles ne remplacent pas une interaction sociale, les parents, le maître d’école, le coach, constate la chercheuse Elena Pasquinelli, auteure de Comment utiliser les écrans en famille. Alors que faire ? Commencer à poser très tôt des règles aux enfants. Les inciter à sortir et bouger. Jouer avec eux. Faire en sorte que les écrans aient « une dimension éducative et non occupationnelle », plaide le Dr Sylvie Dieu Osika, pédiatre, auteur de Les écrans, mode d’emploi pour une utilisation raisonnée en famille. Et ne pas compter sur l’autolimitation par les enfants eux-mêmes. « Le choix du numérique doit résulter d’une négociation, estime Elena Pasquinelli. Au lieu de le vivre comme un automatisme, on devrait le penser comme une transaction économique dont nous souhaitons négocier les conditions ».
Poser des limites
Le Dr Tisseron préconise une « diététique des écrans », reposant sur « les balises 3-6-9-12 », pour apprendre à utiliser correctement ces outils, « exactement comme on apprend à bien se nourrir ». Donc : pas d’écran avant 2 ans. Entre 2 et 3 ans, éviter la télévision, préférer les DVD et limiter à 15 minutes par jour le temps de visionnage. Entre 3 et 6 ans : pas plus de 30 minutes par jour et pas de télévision dans la chambre. Entre 6 et 9 ans, limiter le temps, parler du droit à l’intimité et à l’image, expliquer avant d’interdire. Entre 9 et 12 ans, continuer à poser des limites et accompagner l’enfant sur internet. Après 12 ans, idem et convenir de règles d’usage du mobile, parler du plagiat scolaire, de la pornographie et du harcèlement. Il faut « autant apprendre à seservir des écrans qu’à s’en passer ». Plus sévère, Michel Desmurget, considère que, pour les moins de 6 ou 7 ans, « la seule recommandation tient en 3 mots : pas d’écrans ! » et que « pour tous les âges postérieurs à la prime enfance, les écrans récréatifs ont des impacts nuisibles mesurables dès 60 minutes d’usage Journalier ». Les heures anéanties par l’abus d’usage récréatif « ne se rattraperont plus une fois refermées les grandes périodes de plasticité cérébrale propre à l’enfance et à l’adolescence ». Donc pour lui : pas plus de 30 minutes par jour jusqu’à 12 ans et pas plus d’une heure au delà ; pas d’écran dans la chambre et pas de smartphone comme réveil ; pas de contenus inadaptés ; jamais le matin avant l’école, le soir avant de dormir, pendant les repas, les devoirs et les discussions familiales ; et un seul écran à la fois.
Jacques HUGUENIN
À la recherche d’une offre adaptée à vos besoins ?
Particulier, professionnel ou collectivité, adaptez votre offre en fonction de vos besoins actuels et futurs.
Un conseiller pourra répondre à vos questions et vous apporter un conseil personnalisé.