Cancer de la prostate : un mal à exposer
Mis en lumière en novembre, mois dédié à la sensibilisation des maladies masculines, le cancer de la prostate renvoie à un tabou qu’il convient de surmonter, de façon à dépister plus rapidement une pathologie de très bon pronostic, si elle est prise en charge à temps.
Avant de détailler la maladie, commençons par le commencement : une rapide présentation de la prostate. Retrouvée chez l’homme uniquement, cette glande de la taille d’une châtaigne se situe juste en dessous de la vessie, face aux intestins. Son activité est contrôlée par la testostérone, et sa principale fonction est de produire une partie des sécrétions composant le liquide séminal (sperme), mais elle participe également à l’éjaculation, en se contractant.
Le développement d’un cancer de la prostate est lié au processus naturel de vieillissement : « Des cellules locales finissent par se diviser anormalement et proliférer de manière incontrôlée, pour former une tumeur. Mais cette dernière grossit à rythme généralement très lent, si bien que l’ensemble du processus prend de nombreuses années et n’occasionne généralement pas de symptômes au début », explique le Dr Thierry Lebret, urologue à l’hôpital Foch. Ce n’est qu’une fois relativement avancée que la maladie peut engendrer des signes fonctionnels, tels qu’un besoin fréquent et/ou urgent d’uriner, des difficultés à y arriver — besoin de pousser, miction difficile à commencer ou arrêter — un jet faible, ou encore la sensation de ne pas avoir complètement vidé sa vessie…
Fréquence et facteurs de risques
S’il n’est pas le plus dangereux, le cancer de la prostate est le plus fréquent chez l’homme (24 % des cancers masculins). Près de 60 000 nouveaux cas sont recensés en France chaque année, pour 8 000 décès en moyenne. Il existe trois facteurs de risque accentuant la probabilité de développer la maladie :
- l’âge. Après 50 ans, la probabilité augmente régulièrement ;
- les antécédents familiaux et la prédisposition génétique. Les formes héréditaires représentent environ 20 % des cancers de la prostate. Le risque est accru si au moins deux parents proches (notamment père et frère) ont eu la maladie, ou si un proche a été atteint avant l’âge de 45 ans ;
- l’origine ethnique. Le nombre de cas est plus important dans les pays d’Europe du Nord et d’Amérique du Nord. De même, les hommes d’origine afro-antillaise sont plus susceptibles d’être atteints.
À souligner : contrairement à de nombreux autres types de cancers, il n’existe pas de gestes préventifs pour éviter celui de la prostate, même si une bonne hygiène de vie est invariablement recommandée pour sa participation à une meilleure condition de santé générale.
Dépistage et diagnostic
L’avancée en âge (à partir de 50 ans, 45 ans chez les populations à risque) ou des symptômes évocateurs peuvent inciter un médecin traitant à proposer un dépistage à son patient, afin de diagnostiquer et prendre en charge un éventuel cancer de la prostate au plus vite. Deux gestes sont couramment effectués : l’examen clinique par toucher rectal (TR) et le dosage du PSA. Le TR consiste en l’introduction d’un doigt ganté dans l’anus, de façon à palper la prostate et détecter d’éventuelles irrégularités ou une consistance modifiée.
Une prise de sang permet, pour sa part, de déterminer le taux de PSA, protéine servant de marqueur de pathologie prostatique. Une concentration élevée ou une progression rapide peuvent être liées à un cancer, mais la certitude n’est pas de mise, car le taux de PSA peut être augmenté pour diverses autres raisons, dont d’autres maladies, comme l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) ou la prostatite, aussi fréquentes que sans danger pour l’homme. Un test positif nécessite donc une étape de confirmation diagnostique, qui repose sur l’analyse de biopsies (prélèvements d’échantillons tissulaires), souvent précédées d’actes d’imagerie.
Cancer sous surveillance
Une annonce de cancer de la prostate n’est pas forcément synonyme de traitement. En effet, en absence de symptôme gênant, si le patient est par ailleurs en bonne santé et sa tumeur identifiée comme petite, localisée et à faible risque (environ un cas sur deux), l’équipe médicale propose généralement un simple suivi. La croissance tumorale étant très lente, l’évolution est contrôlée par des examens réguliers : dosage du PSA et toucher rectal tous les six mois, biopsies à un an puis tous les deux à trois ans. L’intérêt ? Le bien-être des personnes affectées.
« Depuis une dizaine d’années, la surveillance active prend une place de plus en plus importante dans le choix du patient et de son urologue, pour conserver une meilleure qualité de vie dans les cancers non agressifs, qui ne métastasent pas. Les traitements classiques sont incontournables contre les tumeurs agressives, mais ne sont pas sans complications, type incontinence urinaire ou troubles de l’érection. C’est pourquoi la surveillance active est préférentiellement appliquée, si possible », confirme François Desgrandchamps, urologue à l’hôpital Saint-Louis.
Traitements et suivi
Certaines situations nécessitent toutefois une prise en charge médicale adaptée à la condition du patient et aux spécificités de son cancer. Selon les cas, les thérapies proposées peuvent avoir pour objectif la guérison en cherchant à détruire la tumeur, une simple circonscription de l’évolution de la maladie ou la gestion des symptômes (soins palliatifs) dans les situations les plus avancées.
Les principales techniques employées sont la chirurgie, la radiothérapie, la curiethérapie (radiothérapie ciblée), ainsi que, parfois, des techniques innovantes comme le traitement par ultrasons ou la cryothérapie. « Lorsque le cancer s’est propagé à l’extérieur de la prostate, il faut alors envisager des traitements plus généraux, souvent basés sur une hormonothérapie dont l’objectif est d’entraîner une réduction de la concentration en testostérone, afin de freiner l’évolution de la maladie », complète Thierry Lebret.
Une fois la phase de traitement terminée, débute une période de surveillance qui permet de suivre l’état de santé général, les effets secondaires à long terme ou tardifs, ainsi que d’éventuels signes de récidive ou de nouveau cancer. Les visites de contrôle sont programmées tous les six mois pendant les cinq premières années, puis annuellement durant la quinzaine d’années suivante. Avec toujours à l’esprit que, bien pris en charge, le cancer de la prostate est l’un des moins handicapants et de meilleur pronostic qui existent.
Olivier VACHEY
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