BURN-OUT quand le travail rend malade
Se laisser submerger par le stress professionnel, c’est risquer, quel que soit son métier, le burn-out, l’épuisement physique et psychique. Le sentiment de ne pas être à la hauteur qui en résulte peut avoir des conséquences dramatiques pour la santé, la famille et la carrière. Par chance, de nombreux experts se penchent aujourd’hui sur ce mal du siècle engendré par un monde du travail devenu fou et proposent des solutions pour le prévenir ou en guérir.
L ’intrigue du roman de Paula Marchioni, N’en fais pas une affaire personnelle, se passe dans une agence de communication qui a pour seul client une grande firme de cosmétiques et pour unique interlocuteur « Super Power » (SP), son porte-parole tyrannique. SP passe son temps à harceler les créatifs, rédacteurs et autres dessinateurs de l’agence, à les submerger sous de lourdes demandes et des injonctions urgentes, contradictoires, voire irréalisables. La folie toxique de SP finit par précipiter l’équipe dans le burn-out et à la désagréger…
Selon une récente enquête de Statista, fournisseur de données sur les marchés et les consommateurs, 17 % des Français déclarent avoir déjà vécu un burn-out, et 34 % pensent pouvoir vivre un jour cette « expression d’une tension excessive entre l’idéal qui habite des êtres et les contraintes de la réalité qui en restreignent la concrétisation », comme le définit le Dr Patrick Mesters, neuropsychiatre, coauteur du guide Vaincre l’épuisement professionnel et fondateur-directeur de l’Institut européen d’intervention et de recherche sur le burn-out (www.burnout-institute.org).
Le burn-out affecte en priorité les personnes « qui s’investissent totalement, idéalisent leur métier, en particulier les travailleurs sociaux, les enseignants, les personnels de santé », expose Alexandre Duyck dans Un effondrement. « Aujourd’hui, la pénibilité physique décroît alors que la pénibilité psychique s’accroît », constatent Me Sophie Reichman et le Dr Guillaume Fond dans Voyage au coeur de la souffrance.
Le burn-out ne cesse de faire des victimes parce que Le monde du travail est devenu fou, confirme le Dr Marielle Dumortier, dans son ouvrage portant ce titre. Elle frappe des professionnels « dépassés par un monde du travail qui change trop vite, victimes de directeurs motivés par la seule rentabilité ». Elle découle de « la sensation d’être face à un mur en pensant à tout ce qu’il faut accomplir », explique Agnès Bonnet- Suard dans Reconnaître le burnout. Elle se traduit par « des ruminations, une fatigue chronique, le sentiment de ne pas être à la hauteur malgré des efforts considérables au travail, mais aussi à la maison, avec les enfants… ».
Divers symptômes
Le burn-out se signale par de nombreux symptômes : troubles du sommeil, difficultés à se concentrer, problèmes digestifs, douleurs musculaires, affections cutanées, variation de poids, accélération du rythme cardiaque, hypertension, addictions, détérioration du rapport aux autres (emportement, pessimisme, cynisme, abattement, apathie), situation de déni… Faute de prise en charge, il peut favoriser des maladies (cardio-vasculaires, en particulier), déboucher sur de la violence contre soi-même (le suicide) ou autrui, voire la mort subite.
« Le burn-out est un “Objet Non Défini Juridiquement”, qui n’apparaît pas dans le tableau officiel des maladies professionnelles », indique Me Sophie Reichman. Il peut être reconnu par l’Assurance maladie en tant que maladie professionnelle, « si la personne touchée démontre que la pathologie dont elle souffre est essentiellement et directement liée à son travail habituel et qu’il en résulte pour elle une incapacité d’au moins 25 % ».
Il est indispensable de « rompre la spirale infernale », de « ne pas attendre de s’être effondré pour consulter un psychiatre, un médecin », recommandent Me Sophie Reichman et le Dr Guillaume Fond. Le médecin pourra prescrire un arrêt de travail et orienter, si nécessaire, vers une psychothérapie, et l’avocat proposer un accompagnement juridique.
Savoir se préserver
La maîtrise du burn-out passe aussi par la préservation de l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, en ne laissant pas le travail empiéter sur les loisirs, les congés et les week-ends. Il s’agit également de prendre soin de soi : faire du sport, de la relaxation, du yoga ou de la méditation et avoir une alimentation équilibrée, riche en vitamines et minéraux, mais pauvre en graisses saturées, sucre, sel, alcool et excitants. Il faut enfin agir en fonction de ses valeurs, apprendre à dire non pour pouvoir dire oui aux vraies priorités, renouer avec l’estime de soi et mieux gérer son temps.
En toutes circonstances, on doit se dire « je vais tenir compte de moi, me consulter moi-même, avant de répondre à une sollicitation, insiste le Dr Isabelle Sauvegrain, coauteur avec le Dr Christophe Massin de la démarche pédagogique Résolustress ® (www.resolustress.fr), et se demander ce qu’en pensent tête, coeur et corps, de façon à avoir la réponse la plus adéquate et la moins coûteuse possible en termes d’énergie dépensée. Il faut toujours distinguer deux temps, celui de la réception-réflexion, trop souvent gommé, et celui de la réponse, souvent trop rapide, qui devient alors une réaction qui peut être inappropriée ».
L’entreprise, de son côté, doit tout faire pour éviter ce burn-out, qui lui coûte cher et engage sa responsabilité, deux tiers de l’absentéisme au travail étant liés à « des défauts de management », estiment Sophie Reichman et Guillaume Fond. La médecine du travail et l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (www.anact.fr) peuvent aider les employeurs à rechercher des solutions. La plupart sont capables de comprendre qu’on peut leur dire non, « si ce non est bien posé, circonstancié, expliqué, estime Isabelle Sauvegrain. Le problème est que l’on n’ose pas le faire ». « Pour éviter d’en arriver à un effondrement, il faut savoir détecter les signaux faibles et ne pas avoir peur d’en informer son employeur », complètent Sophie Reichman et Guillaume Fond.
Jacques HUGUENIN
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