Allergies : les dangers de l’hypersensibilité
Pollens, acariens, aliments… Les allergies ont de multiples visages et touchent toujours plus de Français, exposés via leur environnement quotidien et leur mode de vie. S’il est difficile d’empêcher le développement de ce type d’hypersensibilité, des mesures permettent de limiter les crises et de soulager les symptômes.
Les beaux jours du printemps sont synonymes de redoux, d’ensoleillement prolongé, de nature qui reprend ses droits et… de crises d’allergies à foison. Les pollens sont en effet une cause importante de réactions alallergiques, mais ils ne sont pas les seuls : beaucoup de substances présentes dans l’environnement peuvent se révéler allergisantes.
Les manifestations peuvent également prendre de multiples formes : atteinte cutanée (urticaire, dermatite…), nasale (rhinite occasionnelle ou chronique…), respiratoire (toux, asthme…), oculaire (conjonctivite…), œdémateuse (gonflement localisé, souvent des lèvres ou des paupières, parfois des muqueuses de de la gorge, urgence médicale appelée « œdème de Quincke »), voire généralisée (choc anaphylactique).
« Le nombre de cas d’allergies a considérablement augmenté au cours des trente dernières années dans les pays industrialisés, si bien que l’on estime aujourd’hui que 25 % à 30 % de la population mondiale est concernée. Maladies civilisationnelles liées à nos modes de vie, à ce que nous respirons, ce que nous mangeons, ce que nous buvons, ce que nous touchons, les allergies présentent de multiples visages et des intensités variables, de la simple gêne au risque mortel, mais sont très souvent un handicap chronique, qui altère la qualité de vie au quotidien de ceux et celles qui en souffrent », confie le professeur Pascal Demoly, médecin allergologue et président de la Société française d’allergologie.
Pourquoi et comment devient-on allergique ?
L’allergie est la conséquence d’un dysfonctionnement du système immunitaire, théoriquement spécialisé dans la reconnaissance et l’élimination des corps étrangers potentiellement dangereux, comme les bactéries, les virus, les moisissures… Une allergie correspond à une « erreur d’interprétation » du système immunitaire, qui perd sa tolérance pour une substance inoffensive. Cette dernière devient allergène et déclenche des réactions biochimiques disproportionnées à chaque nouvelle mise en contact. Deux conditions sont nécessaires à l’apparition de ce type de phénomène : une prédisposition génétique (ou « terrain atopique ») et une primo-exposition déclenchant l’hypersensibilité, sans que la science ne sache expliquer pourquoi. Toute nouvelle exposition se solde alors par une réaction instantanée, aux symptômes plus ou moins intenses.
À noter qu’il existe un type d’allergies plus rares dites « retardées ». Leur mécanisme de survenue est différent, et elles peuvent toucher tout le monde, terrain génétique prédisposant ou non. Le phénomène se déclare au niveau de la peau, après contact avec une petite molécule chimique de la famille des « haptènes ».
La réaction immunitaire est lente à se développer, et un eczéma allergique apparaît environ 48 heures après le contact. Les symptômes se traduisent par des rougeurs, des démangeaisons associées à une sécheresse cutanée et des petites cloques.
Principaux coupables :
- Les acariens. Ces minuscules insectes (0,3 mm de taille moyenne) constituent environ 90 % de la poussière d’une maison. Ils apprécient tout particulièrement la chaleur, l’humidité et se reproduisent rapidement, rendant leur éradication complexe ;
- Les animaux domestiques. Ils sont source de protéines allergisantes présentes dans leurs glandes sébacées, leurs glandes sudoripares, leurs poils (chiens et chats), voire leurs urines (rongeurs) ;
- Les moisissures. Elles se multiplient au contact d’une atmosphère humide et peuvent coloniser une grande variété de surfaces, mais aussi la nourriture ;
- Les pollens
Gare aux pollens… Les pollens sont à l’origine d’allergies respiratoires annuelles qui touchent les yeux et le nez (rhinite allergique) et/ou les bronches (asthme pollinique). Légers et facilement transportés par le vent loin de leur lieu d’émission, les principaux pollens allergisants sont les graminées, l’ambroisie, le bouleau et les cupressacées, mais ils sont loin d’être les seuls. Quelques conseils généraux pour limiter l’exposition :
- conduire les fenêtres fermées ;
- limiter les promenades dans la nature et les activités physiques de plein air ;
- préférer les sorties pendant ou après la pluie, lorsque l’air contient beaucoup moins de pollen ;
- éviter le jardinage ou la tonte de la pelouse (au minimum, porter un masque) ;
- sécher son linge à l’intérieur ;
- se rincer les cheveux le soir avant le coucher, afin d’éliminer tous les pollens présents dans les cheveux ;
- aérer son habitation de préférence avant le lever et après le coucher du soleil, brièvement et en l’absence de vent ;
- dormir les fenêtres fermées, surtout à partir de l’aube ;
- planifier le calendrier et le lieu des vacances, de manière à éviter les périodes de floraison.
L’idéal pour chaque personne allergique ? Identifier spécifiquement « ses » allergènes, pour bien se préparer à la période de pollinisation de la plante incriminée, en s’appuyant sur le Bulletin d’alerte pollinique mis à disposition sur le site Web du Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA)
Autres allergènes omniprésent
Les aliments peuvent représenter un casse-tête culinaire d’ampleur dans les familles. Chez l’enfant, les allergènes alimentaires le plus souvent retrouvés sont le lait de vache, les œufs, les arachides et les fruits à coque, ainsi que le gluten.
Avec l’âge, les hypersensibilités au lactose et aux protéines de l’œuf s’estompent fréquemment pour en laisser apparaître de nouvelles, notamment à certains fruits (pomme, pêche, abricot, kiwi, banane…), légumes (carotte, céleri…), poissons, mollusques, crustacés.
« En forte augmentation dans les pays développés, les allergies alimentaires concernent 1 % à 2 % des adultes et trois fois plus d’enfants. Les ingrédients en cause sont variés, et leur présence dépend non seulement de facteurs sociologiques et culturels, mais aussi des innovations de l’industrie agroalimentaire, qui crée constamment de nouveaux produits, susceptibles de se révéler allergènes », précise la docteure Joëlle Birnbaum, allergologue et co-autrice du Grand livre des allergies.
Certains médicaments peuvent également se révéler allergènes. Il s’agit généralement d’antibiotiques, d’antiinflammatoires non stéroïdiens ou de produits d’anesthésie, qui demandent des analyses approfondies en cas de suspicion d’hypersensibilité, de façon à adapter le traitement et changer de molécule si nécessaire et si possible. Plus rare en nombre d’occurrences, l’allergie aux venins peut entraîner de graves crises, qu’il s’agisse de piqûre d’hyménoptère (abeille, guêpe, frelon…) ou de morsure de serpent.
Comment lutter ?
Combattre une allergie demande, en premier lieu, de l’identifier avec précision. « Nombre de symptômes, souvent négligés, paraissent d’autant plus bénins qu’ils peuvent aller et venir au gré des circonstances et des saisons, comme le banal rhume des foins. Pourtant, dans bien des cas, le médecin allergologue peut proposer des traitements pour soulager les symptômes ou éviter leur aggravation avec le temps », insiste Joëlle Birnbaum.
Le diagnostic est posé via un interrogatoire précis (symptômes, circonstances du déclenchement, antécédents familiaux, environnement, habitudes de vie…) complété par un examen clinique pour repérer d’éventuels symptômes.
Le médecin procède ensuite à des tests cutanés (prick-tests) pour identifier les allergènes responsables et mettre en place des réponses adaptées. « La prise en charge peut nécessiter des traitements médicamenteux — principalement des antihistaminiques — voire une désensibilisation antigénique visant à rendre la personne plus tolérante à l’allergène ciblé. Les principales mesures au quotidien restent toutefois préventives et consistent à éviter au maximum le contact avec la substance incriminée », indique Pascal Demoly.
En cas d’allergie respiratoire, de petits gestes permettent de réduire la quantité d’allergènes présents au domicile : aérer et nettoyer les pièces régulièrement, adopter une température inférieure à 21 °C, lutter contre l’humidité et limiter les tapis, moquettes, canapés rembourrés, peluches, tentures et autres pièges à poils et à acariens.
« En cas d’allergie alimentaire, l’allergène identifié doit être supprimé totalement ou partiellement. Des tests sanguins pointus, réalisés à la demande du médecin allergologue, assurent de caractériser avec précision les molécules impliquées dans chaque réaction, afin de bien les cibler et réduire au maximum les évictions, pour le confort de la personne allergique », complète l’expert.
Se tenir à distance des autres sources d’allergies (médicaments, venins…) est un peu moins contraignant, mais toute hypersensibilité demande d’adapter son mode de vie et d’exercer une vigilance renforcée, de façon à réduire le risque et à profiter pleinement de la vie loin des allergies.
En savoir +
À lire
- Le grand livre des allergies, de la Fédération française d’allergologie, éd. Eyrolles, 2014.
- Les nouvelles allergies. Comment les reconnaître ? Comment les combattre ? de Catherine Quéquet, éd. du Rocher, 2022.
À consulter
Inserm.fr : le site de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale propose un dossier synthétique sur les allergies et les enjeux de la recherche.
Pollens.fr : le site du Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) pour suivre en temps réel et par régions le risque allergique aux différents types de pollens.
Olivier VACHEY
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