Bricolage et jardinage : les plaisirs de tous les dangers…
Près de 300 000 personnes consultent chaque année en France un service d’urgences médicales à la suite d’un accident de bricolage ou de jardinage :chute, blessure, intoxication, brûlure… Or, ces accidents, qui concernent dans plus de 80 % des cas les hommes et touchent surtout les mains et les yeux, peuvent facilement être évités. Il suffirait de respecter un certain nombre de règles de prévention pour que ces loisirs de printemps puissent rester un plaisir.
Si, avec l’arrivée des beaux jours, l’envie vous démange de vous jeter sur vos outils de bricolage ou de jardinage, ne vous précipitez pas ! L’impréparation est à l’origine de nombreux accidents. En priorité, vérifiez que vous êtes à jour de votre vaccination contre le tétanos (rappel à 25,45 et 65 ans, puis tous les dix ans).
Passez ensuite en revue tous vos outils. Faites éventuellement réviser la tondeuse à gazon, le motoculteur, le taille-haie, la tronçonneuse et/ou la débroussailleuse. Assurez-vous que vos outils (hache, serpe, masse, fourche…) ne risquent pas de se démancher après avoir subi les assauts hivernaux du froid et de l’humidité, et qu’ils sont bien aiguisés (les outils tranchants sont certes dangereux pour des mains imprudentes, mais plus faciles à manier). Contrôlez aussi la solidité des barreaux et des pieds de votre échelle.
A deux, c’est mieux !
« Les accidents de bricolage sont très souvent des chutes d’un escabeau ou d’une échelle, témoigne Gérald Kierzek, médecin urgentiste à l’Hôtel-Dieu (Paris), auteur de 101 conseils pour ne pas atterrir aux urgences. Les séquelles ne dépendent pas nécessairement de la hauteur. On peut se tuer ou être grièvement blessé en chutant d’un mètre de haut. De toute façon, il vaut mieux toujours bricoler à deux. Si l’on monte à l’échelle, quelqu’un doit rester en bas pour s’assurer qu’elle ne glissera pas, ne s’enfoncera pas ou ne basculera pas vers l’arrière. » Une fois ce check up effectué, le bricoleur jardinier avisé doit aussi prendre le temps de se protéger, en portant des lunettes masques, de solides chaussures ou bottes de jardinage, des gants, des vêtements fermés hermétiquement aux manches et au col si l’on utilise des produits toxiques (herbicides, insecticides, engrais, solvants, peintures, colles…), voire des protections auditives si un engin émet trop de décibels…
Il est également fortement conseillé de retirer alliance, bague, gourmette, montre, collier et tout objet susceptible de rester coincé ou accroché.
Gare à l’accident dit du ring finger (l’annulaire – 300 cas répertoriés chaque année en France). « L’anneau qui s’accroche à un clou, un grillage ou une poignée de porte peut dénuder le doigt comme un câble électrique, déchirer la peau, les vaisseaux, les nerfs, puis les tendons, met en garde le Dr Kierzek. Et il est fréquent que l’on ne puisse plus “réparer” le doigt, que l’on soit obligé de l’amputer. » Pour éviter cela, la solution peut être de fragiliser le bijou, de faire fendre l’anneau qui s’ouvrira en cas d’accroc, ou d’avoir une bague fermée mais comportant « une zone de faiblesse indétectable à l’oeil mais cédant sous la pression mécanique ». Enfin, se préparer à bricoler ou jardiner en toute sécurité implique aussi, bien sûr, de tenir éloignés les enfants et les animaux domestiques.
En bricolant…
Gardez l’oeil ouvert sur toute situation potentiellement dangereuse.
– Appareil branché ou continuant à tourner après arrêt : une lame de tondeuse ou de perceuse ne s’arrête pas immédiatement…
– Engin coupant ou perçant utilisé à proximité de fils électriques ou d’un passage de câbles
et arrivée d’eau à proximité d’un appareil électrique ou d’une prise secteur : « coupez toujours le courant au disjoncteur et ne bricolez jamais mains ou pieds nus », rappelle le Dr Kierzek.
– Travail sur une toiture ou une verrière : équipez vous d’un baudrier pour prévenir les chutes, soyez surveillé par une personne au sol qui avertira le 15 en cas d’accident ou faites appel à un professionnel…
– Produits chimiques dans des récipients laissés ouverts ou refermés de manière non étanche :
attention aux risques de renversement et d’intoxication par les vapeurs…
– Poussières de bois ou de fer en suspension dans l’air (par rabotage, sciage, ponçage, etc.) :
« portez systématiquement des lunettes de protection et consultez toujours un médecin en cas d’introduction d’un corps étranger dans l’oeil, même si vous avez l’impression que l’intrus est parti ou si vous n’avez pas mal, afin de vérifier que la cornée n’a pas été lésée et que l’oeil ne va pas s’infecter. »
– Bricolage sur un objet mal fixé : investissez dans un étau…
Ultime précaution indispensable : « il ne faut jamais détourner un outil de sa fonction (par exemple utiliser un couteau en guise de tournevis),insiste le Dr Kierzek, et ne pas le manipuler tourné vers le corps, mais vers l’extérieur, s’il ripe. En cas de section d’un doigt, stoppez l’hémorragie, placez le doigt dans un sac plastique posé sur de la glace (mais pas à son contact direct) et appelez le 15 en vue d’une intervention chirurgicale rapide pour tenter de le sauver ».
Au jardin
« Protégez-vous et regardez toujours où vous mettez les pieds et les mains, recommande le médecin urgentiste. On ne sait par exemple jamais ce qui se cache dans un buisson, un conduit ou un amas de pierre. Il peut y avoir un essaim d’abeilles ou de guêpes dont les piqûres multiples font courir le risque d’une envenimation massive ou une vipère dont la morsure est dangereuse. »
Par ailleurs, même une coupure, une piqûre ou une blessure d’apparence anodine ne doit pas
être négligée, car elle est vectrice d’infection. Lavez soigneusement à l’eau et au savon, désinfectez, puis pansez toute blessure, et consultez un médecin si le bobo en question ne se résorbe pas rapidement ou si la vaccination antitétanique n’est pas à jour. Avant d’utiliser un produit de traitement chimique (herbicide, insecticide, engrais), enfilez un masque, des gants et un vêtement hermétiquement fermé aux manches et au col, lisez attentivement le mode d’emploi et respectez soigneusement les conseils d’emploi. Si, malgré ces précautions, vous êtes pris de maux de tête, vertiges, nausées, vomissements, alertez le 15 ou le centre antipoison et montrez au médecin l’emballage du produit utilisé. Enfin, après tout traitement, lavez soigneusement vos vêtements, prenez une douche et faites-vous un shampoing.
Zéro pesticide si possible
Pour éviter ces risques polluants et toxiques, le mieux est de se passer de tous ces produits et
de jardiner écologique, « en accueillant la faune auxiliaire, c’est-à-dire tous ces animaux (mammifères, oiseaux, insectes…) qui aideront à produire des fleurs, des fruits et des légumes sans aucune substance chimique de synthèse », comme
l’écrivent dans les documents de l’opération Zéro pesticide les collectivités locales, les agences de l’eau et diverses associations. On peut aussi désherber à la main ou à l’eau chaude, limiter la tonte du gazon pour préserver les insectes utiles, pratiquer la rotation des cultures et l’association de plantes, placer des filets anti insectes sur le potager ou encore utiliser le paillage et les engrais verts pour protéger le sol et lutter contre les parasites.
Enfin, attention aux brûlures ou intoxications qui peuvent être provoquées par une multitude
de plantes qui font pourtant la fierté du jardinier.
Pour les prévenir, portez des gants, ne vous frottez pas le visage, ayez de l’eau à portée de main pour vous laver et interdisez aux enfants de jouer à la dînette avec la plupart des
végétaux. Au moindre signe d’irritation par simple contact, rincez abondamment et longuement.
Jacques HUGUENIN
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